Courir dans la neige, plus facile qu’on pense!

Le tapis roulant comme outil d’entraînement hivernal, c’est complètement out. La mode est à la course hivernale. Peu importe la saison, les adeptes de course sortent de leur tanière, les pieds dans la neige, pour lâcher leur fou. Portrait d’une tendance en forte hausse.

Paméla Gouin, 26 ans, ne court pas de marathons et ne participe jamais à des événements de course à pied. Son but lorsqu’elle enfile ses chaussures, c’est tout simplement de se faire du bien, loin de la performance. Son bonheur, elle le trouve en courant dans les sentiers enneigés du parc du Mont-Royal. « J’aime courir dans la nature, à la lueur de ma lampe frontale. C’est nettement plus magique que de m’entraîner dans un centre de condition physique, comme je le faisais auparavant », dit cette professionnelle du milieu de la santé.

Courir sous le point de congélation, bravant le facteur éolien, sous les flocons et sur un tapis de neige et de glace, n’est-ce pas synonyme de l’enfer sur terre? Il semble que non. Depuis quelques années, la pratique de la course à pied pendant la saison blanche gagne de plus en plus d’adeptes. « Dans le passé, seuls les vrais coureurs, les marathoniens en quête de meilleurs chronos, couraient à l’extérieur à l’année. Mais ce n’est plus le cas. Les coureurs, même les moins expérimentés, s’y adonnent », constate Daniel Beaupré, copropriétaire de la boutique Courir de la rue Saint-Denis, à Montréal.

Plusieur facteurs expliquent l’engouement des Québécois pour la course en hiver. Les froids polaires, qui nous poussent à nous réfugier entre quatre murs et augmentent les risques d’engelures, se raréfient sous les effets du réchauffement climatique. La fameuse pandémie a aussi poussé dehors les Québécois comme jamais. Finalement, le « trail running », la course en sentier, contamine de plus en plus d’adeptes.

« Avec leurs semelles bien cramponnées, les souliers de " trail running " conviennent parfaitement à la course en hiver. Les coureurs peuvent donc faire la transition vers la course sur neige sans investir dans de l’équipement supplémentaire », dit l’expert Daniel Beaupré, qui travaille dans le domaine de la course à pied depuis plus de trois décennies. Résultat : il n’y a plus de saison morte dans l’univers de la course à pied.

Le contact avec la nature plutôt que la vitesse

Un autre plaisir de la course sur tapis blanc, c’est qu’il s’agit presque d’un tout autre sport par rapport à la course sur route, selon Jean-François Veilleux, président et entraîneur des Pélicans de Rosemont, un club qui réunit des centaines de coureurs. « La course sur route est plus axée sur la vitesse, alors qu’en sentier, le contact avec la nature prime sur tout », explique ce coureur aguerri.

En sentier, sur le mont Bellevue ou le mont Tremblant, on ralentit le rythme, histoire d’éviter les écueils de neige et de glace. « En courant moins vite, on peut jaser avec ses partenaires de course. Ça devient une activité plus sociale ». La popularité des entraînements du Club Pélican, qui réunissent des dizaines de coureurs à la tombée du jour en hiver sur le mont Royal, en serait la preuve.

Côté habillement, ce n’est pas tellement sorcier. C’est le même qu’en ski de fond ou lors des sorties de course automnale. « La clé, c’est de ne pas se vêtir trop chaudement, sinon, on crève de chaleur rapidement. Pour ma part, je m’habille légèrement, je gèle pendant les premières minutes de course, puis le confort revient », dit Paméla Gouin. Si on court en fin d’après-midi ou en soirée, une lampe frontale devient indispensable non seulement pour voir devant soi, mais aussi pour être vu, surtout si on traverse des intersections passantes.

Lorsque la surface se glace, il est possible d’ajouter des crampons métalliques amovibles aux souliers pour assurer plus de stabilité. « C’est une bonne idée pour les gens qui commencent à courir en hiver de se munir de crampons. Ça apporte un sentiment de sécurité. Avec l’expérience, les crampons deviennent optionnels. Pour ma part, je ne les utilise que trois à quatre fois par hiver. La plupart du temps, j’affronte les sentiers seulement avec mes chaussures régulières de course en sentier et je n’ai pas d’inquiétude », dit Jean-François Veilleux.

Moins cher que le psy

Les bénéfices de courir en hiver sont multiples. « Chaque sortie de course vous éloigne de la déprime hivernale. C’est pas mal moins cher que les visites chez le psychologue! », rigole Daniel Beaupré.

C’est aussi une bonne période pour améliorer votre technique de course. « Le terrain plus instable force les coureurs hivernaux à réduire l’amplitude de leurs foulées, ce qui est essentiel, en toute saison, pour diminuer les risques de blessures. Résultat : les gens qui courent sur la neige deviennent de meilleurs coureurs par la suite », dit Jean-François Veilleux.

Où battre la semelle en hiver? Des pistes enneigées, c’est une richesse que le Québec tout entier possède en abondance. À Montréal, les parcs urbains, comme celui du mont Royal, et les parcs-nature conviennent parfaitement. À Québec, le parc des Champs-de-Bataille ou le parc linéaire de la rivière Saint-Charles constituent des destinations parfaites pour défier la froidure au pas de course.

À l’extérieur des grands centres, les parcs nationaux, les parcs régionaux et les centres de plein air regorgent de pistes en forêt qu’on sillonne au pas de course, idéalement après le passage des raquetteurs qui dameront les pistes. Bref, il est facile au Québec de trouver une chaussure à son pied en matière de course hivernale. Il ne suffit que de trouver la motivation de braver le froid et de partir. « L’atmosphère dans les sentiers en hiver est magique », soutient Paméla Gouin. À vous de voir si elle a raison!