À la découverte du ski-raquette
Publié le 18 décembre 2024
Par Simon Diotte

Si vous aimez le ski de fond pour la glisse et la raquette pour les explorations en montagne, pourquoi ne pas combiner les deux? Voilà la possibilité qu’offre le ski-raquette. Ce sport hybride et polyvalent a tout pour plaire, à condition de ne pas craindre les belles chutes dans la poudreuse.
Je me souviens encore, comme si c’était hier, de la première fois que j’ai mis aux pieds des skis-raquettes. C’est à l’Auberge de montagne des Chic-Chocs, établissement phare de la Sépaq qui était alors tout neuf. On était en 2008, « Poker Face » de Lady Gaga cartonnait à la radio et on désignait cet article de sport comme les skis Meta, leur nom commercial. C’était tellement nouveau qu’il n’existait pas encore de mot générique pour les décrire.
En compagnie d’un guide chevronné, notre petit groupe est parti, sans trop à quoi nous attendre, avec ces mini-skis ridicules aux pieds, à faire l’ascension du mont 780. On a progressé dans un manteau de neige très épais. Pour l’ascension, c’est comme si on avait des raquettes aux pieds, à la différence qu’on glissait sur la neige plutôt que marcher dessus. Jusque-là, rien de bien révolutionnaire.
Crédit 📷 : Parc national d'Aiguebelle (Sépaq)
C’est lors de la descente que nous avons découvert, soudainement, le côté givré des skis-raquettes. En virant de bord, nos spatules sont devenues …des skis! Nous avons glissé en bas du relief à vive allure, tournoyant dans la neige folle, en chutant très souvent de façon drolatique, laissant notre orgueil au vestiaire. C’était tellement du gros fun noir…euh blanc que depuis, je ne rate plus une occasion de chausser ces skis au plaisir contagieux.
Qu’est-ce que des skis-raquettes? Ce sont des skis courts, ayant la largeur approximative d’un ski alpin, possédant une peau d’ascension intégrée de façon permanente sous leur semelle. Ils permettent de filer en douce dans les pistes de raquette, en glissant et en s’agrippant sur la neige, même dans les pentes très inclinées. Surtout, ces skis permettent la glisse sur la poudreuse dans les pentes. Petit détail intéressant : la peau d’ascension nous ralentit, évitant de prendre trop de vitesse. Résultat : pas besoin d’être un skieur ou une skieuse chevronné·e afin de slalomer entre les arbres. Bref, on combine la montée en raquettes avec la descente en skis. Le meilleur des deux mondes.
Boule de neige
Depuis ma première expérience, les skis-raquettes ont fait boule de neige et ont conquis le Québec. Ils sont devenus plus connus sous le nom commercial ski Hok, de l’appellation de la compagnie qui en a fait la démocratisation. Mais d’autres manufacturiers occupent maintenant ce créneau, d’où la généralisation du terme ski-raquette. Le point commun de ces équipements : les centres de plein air les louent avec des fixations universelles qui s’adaptent à tout type de bottes hivernales, facilitant les initiations. Qui plus est, il existe aussi des modèles plus courts pour les enfants.
Pierre Carbonneau, responsable des activités de plein air à la Station touristique Duchesnay, explique que « le ski-raquette, c’est le ski de montagne, sans les complications ». Car le ski de montagne (ou ski de haute route) exige un équipement lourd, coûteux et complexe afin de monter les montagnes, en collant des peaux d’ascension, puis de les redescendre en les enlevant. « C’est aussi une activité qui se pratique presque partout. Pas besoin de dénivelé important, d’une forêt bien dégagée et d’une piste damée pour se promener et avoir du fun. Ces skis polyvalents se faufilent partout », dit cet ex-guide à l’Auberge de montagne des Chic-Chocs. C’est même plaisant sur du plat.
Crédit 📷 : Parc régional Montagne du Diable
David Letky, directeur général adjoint du parc du Massif du Sud, énumère un autre avantage des skis-raquettes : leur rapidité. « Ils permettent de se déplacer plus rapidement et en déployant moins d’effort qu’en raquettes. Cette déclinaison du ski attire autant les novices que les adeptes de ski d’expérience, ces expert·e·s adoptant le virage télémark afin de maximiser le plaisir », affirme David Letky. Dans la neige folle, on a l’impression de glisser sur des coussins d’ouate.
Où faire du ski-raquette
Plusieurs destinations facilitent la découverte de cette activité hivernale. À la Station touristique Duchesnay, un centre de villégiature de la Sépaq, on y loue de l’équipement pour adulte et enfant, et les néophytes s’exercent dans une zone de pratique aux portes du pavillon Horizon, lieu de départ des sorties. Les expert·e·s ne sont pas en reste. Une zone dédiée à la pratique de ce sport se trouve à 5 km de la zone d’initiation.
Situé dans la région de Chaudière-Appalaches, le parc du Massif du Sud fait du ski-raquette l’une de ses activités vedettes hivernales. Trois secteurs, situés dans des érablières dégagées, sont exclusivement consacrés à ce sport en émergence. Tenté·e par l’expérience? Ce parc régional propose des sorties d’initiation de trois heures en compagnie d’un·e guide. L’équipement est évidemment fourni.
Crédit 📷 : Parc du Massif du Sud
Voici d’autres destinations où il est possible de louer des skis-raquettes :
- Les 55 km de pistes de raquette du parc régional Montagne du Diable, qui se situe dans les Hautes-Laurentides, s’ouvrent aux adeptes d’exploration en ski-raquette.
- La Vallée Bras-du-Nord, dans la région de Québec, possède son secteur découverte à proximité de l’accueil Shannahan.
- Au Diable Vert, dans les Cantons-de-l’Est, fait de la location et ouvre son domaine incliné aux skieurs et skieuses en tout genre.
- Dans le centre du Québec, le parc régional de la rivière Gentilly partage sa quinzaine de kilomètres de sentiers de fatbike avec les pratiquant·e·s de ski-raquette.
- Au parc régional du Poisson Blanc, à cheval entre l’Outaouais et les Laurentides, les sentiers du secteur Montagne du Fort s’explorent avec cet équipement hybride aux pieds.
- Trois parcs nationaux de la Sépaq (Aiguebelle, Jacques-Cartier, Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie) permettent le passage des skis-raquettes dans certaines pistes.
- Pionnière en la matière, l’Auberge de montagne des Chic-Chocs, le tout inclus de la Sépaq, compte toujours des sorties en ski-raquette à son portefeuille d’activités hivernales.
- Situé en Matawinie, le parc régional de la Forêt Ouareau offre des secteurs d’initiation.
En conclusion
Le ski-raquette se pratique partout dès qu’il y a de la neige : en ville, au chalet ou encore en forêt. Une paire de skis-raquettes, avec des fixations universelles, se vend à peu près 600 dollars, selon les grandeurs et les marques.